Dans le glorieux univers de la comédie américaine des années 80 se détache quelques OFNI (Objets Filmiques Non Identifiés). Ce Speed Zone ! fait partie des leurs. Et c'est pour cela qu'il a la chance (ou pas) d'être le parrain de ma chronique hebdomadaire.

Car ce film est un cas à part. Dans les années 80, le monde a besoin de rire. Les Etats-Unis deviennent des "maîtres" en la matière et s'appliquent à faire des comédies grand public, quitte à pondre d'infâmes "oeuvres" comme... Ne vous inquiètez pas, ils seront l'objet d'une autre chronique. Reconcentrons-nous sur notre sujet : Speed Zone !

Donc, Speed Zone ! est un film sorti le 21 Avril 1989 aux Etats-Unis. Il est réalisé par... Jim Drake. Le réalisateur du déjà bien daubesque Police Academy 4, qui d'ailleurs ne réalisera plus de films après Speed Zone ! Allez savoir pourquoi ! Ce réalisateur fait partie des pires tâcherons de l'industrie cinématographique américaine. Mais appliquant à la lettre la règle du "plus c'est con, plus c'est bon", il se voit confier la réalisation de ce film écrit par Michael Short qui est et restera un illustre inconnu.

Le film met pourtant en scène de sympathiques acteurs comme John Candy, Eugene Levy, Tim Matheson ou encore Peter Boyle qui se retrouvent ici à faire des numéros stupéfiants de cabotinage à base de levers de sourcils étonnament élevés et de voix criardes qui parviennent tout droit vers nos oreilles ensanglantées.

Dire que ce film est sous-estimé tient d'un pure manque de sens critique, étant donné tous les défauts qui le constituent.

Tout d'abord, ce film sent la fainéantise à plein nez.

La mise en scène de Jim Drake tient de l'effort : il lui faut trois minutes par plan minimum, la caméra a parfois du mal à suivre, il n' y a aucun effet de mise en scène, les course-poursuites sont plates et chiantes, la direction d'acteurs est effroyable, la lumière est laide, le choix des décors est plus qu' hasardeux et son humour est au ras des pâquerettes.

En même temps, le réalisateur, déjà pas très talentueux, part avec un poids énorme sur les épaules : le scénario que lui a infligé Michael Short.

Pour replacer dans le contexte, Michael Short est un auteur de télé qui s'est illustré principalement au SCTV, où ses complices étaient John Candy, Eugene Levy et Joe Flaherty, tous trois dans le film.

Pour ses premiers pas au cinéma (et ses derniers), il concocte une énième suite de Cannonball, oeuvre de 1977 mettant en scène Burt Reynolds. Et c'est tout ! L' histoire tient sur un post-it. Une course (le cannonball race) doit se dérouler, elle est annulée par la police (ces enfoirés) pour finalement être concourrue par ces rebelles de pilotes. Inutile de vous dire qu'ils vont être poursuivis par la police. Ce qui donne lieu à des scènes épiques avec Peter Boyle, qui bénéficie (avec Donna Dixon) des pires répliques du film.

Alors, certes, à partir de ce canevas, Michael Short a fait l'effort de dresser des histoires parallèles, parfois totalement incompréhensibles, mais dont le montage à la truelle nous donne l'impression d'un incroyable foutoir mal assemblé et péniblement ennuyeux. Inutile de rajouter que l'humour en dessous de la ceinture est de mise et qu' il est d'un mauvais goût absolu. Et pour conclure, un happy end, dégoûlinant de bons sentiments. Car on veut bien rire d'une blaque où les personnages confondent "pénis" et "peanuts", mais il faut bien un happy end, histoire que l'on ait pas perdu 1h30 de notre vie inutilement, sans avoir rien appris.

Bref, vous l'aurez compris, Speed Zone ! est un film complétement raté. Et affligeant. Et raccoleur. Enfin bref, raté.

Je vous conseille amplement de ne pas le voir, sous peine de vous dégoûter du cinéma comique pendant un petit bout de temps. Vous ne vous imaginez pas à quel point cette chronique va être difficile à tenir.

Corentin Sachet, aventurier cinématographique

Speed Zone ! / Cannonball 3 (1989)

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